viens petite fille dans mon comic strip.

« une histoire sensuelle et sans suite ça fait crac ça fait pschtt. crac je prends la fille et puis pschtt j'prend la fuite »

« putain leo, mais qu'est-ce qui va pas chez toi ? » Elle me dévisage, l'air furieux. Je fronce le nez. Ses yeux ne sont pas de la même couleur. Bizarre. Je sais qu'il y un terme pour désigner les gens bizarres comme ça. Les gens comme David Bowee. Je l'ai sur le bout de la langue, ce satané mot. Je l'ai, je le cherche, je ne le trouve pas. La fille ne m'en laisse pas le temps. Elle se précipite vers le classeur posé près du lit. Elle secoue les feuilles dans tous les sens, s'agite, fait mine de lire. Je me demande si elle est toute nue sous sa blouse. « enfin, leo. qu'est-ce qui t'as pris ? » Elle pose ses yeux bizarres sur moi. Je lui souris. Forcément, elle est toute nue sous sa blouse. Les blondes sont toujours toutes nues sous leurs blouses, même les blondes bizarres. « leo. leo. LEO. » je répète, me fichant pas mal d'avoir l'air d'un ahuri, ce que je suis tout à fait. « c'est joli, leo. » Elle lance le classeur dans ma direction. Je ne bouge pas, je ne suis plus à un pansement près. J'imagine que je dois être vraiment, vraiment très moche comme ça. Remarque, je le suis peut être de toute façon. Je ne me souviens plus. Je ne me souviens plus de rien. Je me rappelle juste la musique, et comment on déshabille une fille. Mais ça, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. « sois sérieux deux secondes, s'il te plait. j'ai du travail, je n'ai pas que ça à faire : je te rappelle que je sauve des enfants. » « vous devez être très fière, c'est un beau métier. » Apparemment, l'hypocrisie est une autre chose que je n'ai pas oublié. « je te préviens leo, si tu continues à jouer avec moi, je demande l'euthanasie. on a justement une petite fille de huit ans en attente de greffe de cœur au premier étage. oh, mais laisse moi réfléchir... c'est vrai, tu n'en as aucun. » je ris, parce que c'est une véritable teigne. J'ignore ce que je lui ais fait par le passé pour la mettre dans un tel état. J'imagine que c'est une histoire de sexe. C'est toujours une histoire de sexe. Surtout quand la fille est blonde. « désolé. je vais faire un effort, je vous le promet. laissez-moi réflechir. » Elle croise les bras sur sa poitrine et prend un air renfrogné. Avec des jambes comme les siennes, la fille bizarre est forcément stripteaseuse pour arrondir ses fins de mois. « on a couché ensemble un soir et j'ai malencontreusement perdu votre numéros de téléphone, c'est ça ? » « non, et je m'en félicite. d'ailleurs, il aurait sans doute fallu prendre un tiquet ! » Je me félicite aussi. je suis un tombeur, génial. Ça m'aurait ennuyé de me réveiller de trois jours de coma et d'apprendre que j'organise des conférences Star Trek. « alors, non, je ne vois vraiment pas qui vous êtes. » Elle s'énerve. Merde. Depuis quand les hôpitaux engagent ils des stripteaseuses hystériques ? Enfin, ce n'est pas tellement pour moi que je m'inquiète, c'est pour les enfants cancéreux du premier étage. C'est elle qui aurait du se payer ce putain de bus, ça lui aurait peut être remis les idées en place. « tu veux peut être que je t'aide à te souvenir ? » La fille brandit la lampe de chevet au dessus de sa tête décolorée. Je vais mourir. Encore. Et je ne sais même pas si j'ai une femme et des gosses pour me regretter. J'éspère que non. Je déteste les gosses. Enfin, je crois que je les déteste. J'ai volé la gelée d'un gamin, tout à l'heure, dans le couloir, quand l'infirmière rousse m'emmenait faire un scanner. Au moins maintenant je sais que je n'aime pas la gelée. La fille s'approche, elle grimpe sur le lit et fait mine de lâcher la lampe au dessus de mon crâne. Je hurle - mais d'un hurlement viril, entendons nous bien. « AMNÉSIQUE ! AMNÉEEESIQUE ! » Elle s'arrête net. Je savais qu'elle avait fait semblant de lire mon dossier. Personne ne peut déchiffrer l'écriture en pattes de mouche des médecins avec autant de rapidité. Personne. La fille dépose délicatement la lampe de chevet sur mes genoux, saute du lit et s'enfuit en direction du dossier qu'elle a balancé de l'autre côté de la pièce quelques minutes plus tôt. Elle ouvre le classeur. Elle lit attentivement, et ça dure bien dix minutes. Et puis là, ses yeux de David Bowee s'écarquillent. Amnésique. Elle minaude un moment, honteuse, puis quand elle ose enfin me regarder dans les yeux : « bordel, leo, pourquoi est-ce que tu ne m'as rien dit ? » Je hausse les épaules, et puis je me rappelle que je suis un tombeur et que j'ai de l'humour. « j'ai oublié. » Elle sourit, son sourire est parfait. Autrement dit, ignoble. Hésitante, elle vient s'assoir au pied du lit. Elle me regarde comme on observe un pauvre petit animal blessé. Dégueu. « tu t'appelles elias benjamin mcallister, la plupart des gens t'appelle leo. pour moi, c'était clyde. je dis c'était parce que ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu. tu es parti faire le tour du monde, tu es partit longtemps. je ne t'ai pas croisé depuis la soirée de remise des diplômes. » « et je l'ai eu, mon diplôme ? » « non. tu étais venu pour moi. je me souviens même que tu avais piqué la cadillac rose de ton cousin charlie pour l'occasion. on devait partir après mais j'ai préféré rester, et faire des études. pour sauver des enfants. enfin tu vois. » Je hoche la tête avec le sérieux d'un élève modèle. C'est étrange, d'entendre un étranger vous raconter votre vie, comme si c'était la sienne. On ne peut pas juste faire un sourire de temps en temps pour se donner l'air d'en avoir quelque chose à foutre. On est obligé de s'y intéresser. Enfin pas moi, puisque je ne m'interesse à rien à part à la musique et aux stripteaseuses. Et aux cadillacs roses, apparemment. « est-ce qu'on sortait ensemble ? je veux dire, tous les deux. » Elle se mordille la lèvre inférieure, elle baisse les yeux, ça veut dire oui. Et puis elle relève la tête, le sourire aux lèvres. « non. nous étions simplement amis. » Je fais oui de la tête. « je dois admettre que ça fait mal. d'entendre quelqu'un vous dire que votre vie est un gigantesque bordel. c'est presque aussi douloureux qu'un bus en pleine figure. j'aurais au moins aimé avoir finit le lycée, avoir un job, quelque chose de normal à me mettre sous la dent. » Je suis presque sérieux, en plus. Elle rit, se relève, puis elle dépose un baiser sur mon front humide. Dommage, d'ici, je vois très clairement son soutien gorge. Moi qui tentait en vain de me persuader que les chirurgiens étaient nus sous leur blouse. Je suis déçu. « je dois retourner travailler. mais je reviendrais bientôt, de toute façon, je crois que tu es là pour un moment. j'aime ce que tu es devenu. le nouveau elias. l'ancien commençait à m'emmerder. » Elle traverse la pièce, ouvre la porte de la chambre, s'arrête. Elle se retourne. « au fait, moi c'est mercy. mercy fiztgerald. » « enchanté. » Et puis elle est partie. Cette nuit là, j'ai recouvré la mémoire. la fille bizarre s'appelait Mercy, c'était une menteuse. Nous n'étions pas seulement amis. C'était la seule fille que j'ai jamais vraiment aimé. La seule que j'ai réussis à détester, aussi.

(c) WOODY PEPPER

« le coeur de bloody jack ne bat qu'un coup sur quatre »

il est né elias benjamin mcallister, mais s'entête à ce qu'on le nomme léo il se dit français et personne n'a jamais vraiment su s'il était sérieux ou non il adore citer serge gainsbourg, ça lui donne un air décalé il a passé dix ans autour du monde avant de rentrer à boston il s'est prit un bus en pleine figure, ce pourquoi il est coincé au service traumatologie du chandler regional hopital il se prend pour un dur mais en vérité c'est une vraie fillette il n'a jamais finit le lycée et n'a, par conséquent, aucun diplôme en poche par contre, il fait très bien les margaritas la vue du sang le dégoute il déteste les enfants, les sucettes et les cordes à sauter il est amoureux de mercy depuis le lycée elle, non, de toute évidence il a perdu la mémoire après son accident, mais l'a retrouvé quelques semaines plus tard il passe ses journées à faire de l'œil aux infirmières il donnerait n'importe quoi pour une gitane sans filtre, mais « on ne fume pas dans un hôpital, putain. » il ne regarde jamais la télévision il s'autorise tout de même à se rendre au cinéma de temps à autres il aurait préféré être jeune pendant les sixties pour pouvoir vivre d'amour, de rock et de LSD son film favoris est fight club d'ailleurs, il s'est toujours demandé s'il aurait l'air sexy avec le nez cassé. maintenant il sait que oui il déteste la nourriture qu'on sert à l'hôpital, alors il soudoie les infirmiers pour obtenir son burger king le numéro d'assurance présent dans ses papiers n'est pas le sien mais ses papiers sont faux, alors.