HELLS ♦ She's nothing like hell.

« Docteur Carlderon ! » Alors que la porte de la salle de repos s’ouvrait avec fracas la rousse se releva en sursaut, manquant de peu de s’assommer avec le sommier métallique du lit superposé. « Trauma 1. Accident sur la voie rapide. Voiture contre poids lourd. Homme de 45 ans, perforation du poumon droit. On vous attend. » Il n’en fallu pas plus à Hells qui courait déjà dans le couloir en direction des urgences. L’adrénaline, le sang qui battait contre ses temps, son cœur qui s’emballait, c’était sa drogue à elle, son moteur, ce qui la faisait avancer. La médecine lui avait sauvé la vie. Sa vocation lui avait permis de sortir d’une vie qui n’était pas des plus roses. Elle n’aurait quitté son travail pour rien au monde. « Monsieur ? Monsieur vous m’entendez ? » Hells se pencha vers le patient. Il ne fallait pas tarder. « Je vais vous sortir de là Monsieur. Tenez le coup. » Elle n’était pas certaine qu’il l’entende mais elle avait pris l’habitude de rassurer ses patients avant de les emmener au bloc, qu’ils soient conscients ou pas elle aimait leur parler, leur dire que tout allait bien se passer. Elle ne faisait pas de promesses, aucune qu’elle n’était sûre de tenir, mais elle voulait les apaiser. Elle avait la conviction qu’une personne détendue faisait un meilleur patient sur la table d’opération.

Quatre heures plus tard elle ressorti du bloc opératoire, la mine défaite, les yeux rougis par la fatigue, le dos courbaturé. Mais la douleur la plus insupportable était celle qui lui serait le cœur. La perspective de se rendre en salle d’attente pour annoncer à la femme de cet homme qu’elle n’avait pas été capable de sauver l’amour de sa vie. La plupart des chirurgiens s’endurcissaient au fil de des années. Ils se forgeaient une carapace pour endurer plus facilement ces moments difficile, mais Hells s’y était toujours refusé. Elle voulait souffrir, elle voulait ressentir la peine des proches de ceux qu’elle n’avait pu sauver. Elle avait besoin de voir son cœur brisé en mille morceaux pour se sentir vivante. C’était paradoxal, auto-destructeur, mais ça lui permettait de rester la femme qu’elle était. De cette façon elle avait toujours conscience que la vie était courte et qu’il fallait en apprécier chaque instant. Elle voulait souffrir pour mieux vivre.