Let have a drink or two <pv.FELIX>

« Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre,il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise, Mais enivrez-vous! »
Charles BAUDELAIRE

La journée n'avait pas été particulièrement longue et pénible, pour une fois. Il n'avait eu qu'un seul patient en consultation et un cas que les urgences lui avait rapporté, un suicide. Une journée assez creuse donc. Lucius avait donc eut le loisir de vaquer à ses occupations, il avait donc rattraper un peu son retard de paperasserie, il s'était offert une pause déjeûner d'une bonne heure et en fin d'après-midi, il était aller voir Felix dans son service, histoire de proposer à ce dernier d'aller boire un verre après leur service respectifs. Dans un pub irlandais, ou s'en rapprochant, celà va de soi. Quand ils sortaient, pour boire un coup ensemble, Felix faisait honneur à ses origines et Lucius devait admettre que dans ces bars là, l'ambiance était toujours très agréable. Bien plus que dans ses bars branchés où tout le monde se jauge du regard sans y parraître. Le jeune interne avait accepté volontiers, et le rendez-vous été pris pour le début de soirée, à 20h30 pour être précis au Coffee Bruns. Lucius lui avait terminé sa garde à 19h, il avait donc eu le temps de rentrer chez lui pour se changer, quitter son costume pour revêtir une tenue plus décontractée. Une chemise blanche, une paire de jeans et une veste de costume noire. Ca restait à son image, class même si plus relâché qu'à son habitude à l'hôpital. En même temps, s'il voulait avoir un minimum de crédit, il doutait que se pointer en t-shirt et tongues alors qu'il était censé être l'archétype du mec sérieux en permanence, c'est sûr que quelque part quelque chose clochait. Marrant de voir quelle vision de la profession et des gens l'exercant pouvaient avoir les gens. La faute sûrement à Freud. Mais bon, Lucius lui ne s'en formalisait pas plus que ça. Porter un costume pour aller bosser ça ne le dérangeait pas, la blouse déjà un peu plus, bien qu'il la mettait toujours quand on l'apellait hors de son bureau.

Bref, un peu avant l'heure du rendez-vous, Lucius quittait sa garçonnière dans sa belle Mustang de 65, direction le bar. A cette heure, pas encore la foule dans le bar mais déjà pas mal de clients assis au bar ou aux tables. Quelques regards jetés alentours, dont un notamment échangé avec une jolie brune assise avec un ami, qui visiblement lui aussi trouvait Lucius à son goût. Il leur adressa un léger signe de tête avant d'aller s'installer au bar en attendant d'être rejoint par Felix. Il commanda une bière, autant commençer doucement pour ne pas finir torcher avant même la fin de la soirée. Et puis même s'il savait apprécié un bon verre, Lucius n'était pas alcoolique. Il savait les ravages que faisait l'alcool sur le corps humain mais aussi et surtout sur l'esprit. Déshinibateur très efficace et à double tranchant. D'ailleurs il avait déjà eut tellement de patients alcooliques qui avaient tout perdu à cause de ça. Il ne les jugeait pas, il savait que la détresse peut vous faire vous raccrocher à la boisson, parce que précisement elle vous ôtait certaines choses, trop douloureuses à supporter. Comme toutes drogues en fait. L'envivrement. Et pour ne citer que le poète Baudelaire, celui-ci même qui dans un de ses poèmes vantait les mérites de l'enivrement, Lucius pouvait comprendre ce besoin. Cette urgente demande de ne plus rien ressentir, de se déconnecter de la réalité par quelque moyen que ça soit. La vie et son horrible fardeau. Mais il n'était pas venu là pour faire le psy, il le faisait déjà 10h par jour à l'hôpital. Ce soir il voulait donc se relaxer, décompressé et parler avec le jeune interne comme ils le faisaient toujours quand ils se retrouvaient ici autour d'un verre ou deux.
Il avait fait la connaissance de Felix à l'hôpital, quoi de plus logique puisqu'ils y travaillaient tous les deux. Et bien qu'il déteste dire ce genre de chose ou tenir ce genre de propos, il avait "sentit" que le jeune homme était quelqu'un de bien, avec qui il pourrait très probablement s'entendre voir même lier une amitié. Chose confirmée peu de temps après leur première discussion puisqu'il l'avait invité à boire un verre, histoire de parler quelques semaines plus tard. Et depuis, une sorte de petit rituel s'était noué entre eux. De simples collègues ils étaient passés à copains de boissons. C'est drôle de voir comment parfois le hasard peut vous emmener sur des chemins que vous n'imaginiez pas prendre, ou en tout cas pas avec la personne en question. Mais considération métaphysique à part, Lucius jeta un regard à sa montre. 20h25, Felix ne tarderait plus. Il porta sa bière à ses lèvres et avala une première longue rasade tandis qu'il jetait un oeil distrait à l'écran de télé plus loin qui diffusait les images d'un match de foot.

» FELIX ☂ Happiness only real when shared