WOLVÉRINE ♣ en sautant elle a du penser qu’elle s’envolerait.

Vous n’êtes pas exceptionnels, vous n’êtes pas un flocon de neige merveilleux et unique, vous êtes fait de la même substance organique pourrissante que tout le reste, nous sommes la merde de ce monde prête à servir à tout, nous appartenons tous au même tas d’humus en décomposition.

I • QUOI DE NEUF DOCTEUR?

ORIGINES: Américaines, du moins c'est ce que mes parents biologiques m'ont dit. Je suis une jeune femme adoptée, ma mère est morte en me donnant naissance, mon père n'a pas assumé sa part de responsabilité, il n'a pas voulu m'élever seule.
NATIONALITÉ: Américaine.
LIEU ET DATE DE NAISSANCE: Je suis née un dix-neuf janvier, par une nuit pluvieuse, j'ai maintenant 23 ans, 23 ans et je me sens toujours comme une enfant. Je suis née à Boston et j'y ai toujours vécu.
EMPLOI: Je suis conductrice de taxis. Je reste souvent aux alentours de l'hôpital, parce qu'il y a énormément de personnes qui ont besoin d'un taxi, parce que les personnes malades me fascinent, parce que je connais plusieurs personnes personnellement. Mais il m'arrive aussi de rester en ville, de toute façon, je bouge tout le temps. Je vais et je viens.

III • CONSULTATION

Qui suis-je vraiment au fond ? J'ai l'impression de ne pas me connaître, de ne pas savoir qui je suis et de me redécouvrir chaque jour. J'ai l'impression d'être différente chaque jour, de ne jamais être vraiment moi-même et pourtant vous ne trouverez jamais plus naturelle que moi. On ne me connait jamais vraiment. On croit me connaitre mais ce n'est pas le cas. C'est ce que les gens fuient. Mon étrangeté. On me répète sans cesse que je suis étrange, que j'ai des réactions étranges, des réflexions étranges. Je passe mes journées à mordiller mon crayon les yeux dans le vide, à danser joyeusement sur une chanson triste à en mourir, à pleurer sur une chanson entrainante. J'ai des milliers de pensées qui me traversent l'esprit et je n'en comprends jamais la signification. Je rêve que je suis une libellule, je rêve que je me noie, que je deviens le diable, je rêve d'un amour idyllique, d'une fleur qui s'épanouit, d'une ville en flammes, d'un monde qui sombre, d'un homme que je ne connais pas, d'un coucher de soleil, et de beaucoup d'autres choses. Ces rêves que je mets sur papier quand je veux vider mon esprit et m'envoler autre part. Je suis écrivain à mes heures perdues. Je suis la pureté et on me très facilement à un ange. Beaucoup de gens disent de moi que je suis une droguée à cause de mes yeux perdus dans les profondeurs, de mes pensées, de mon sourire permanent et de mes paroles qui n'ont aucun sens. Mais non je ne suis pas une junkie, loin de moi cette idée, je ne touche jamais à la drogue, ni à la cigarette, parce que je suis blanche, blanche comme la neige. Malheureusement il m'est déjà arrivé de gouter aux substances illicites, petite enfant naïve je ne savais rien des effets. Je pense être une personne plutôt normale, même banale. Pourquoi n'est-ce pas le cas de tout le monde ? Des gens qui me regardent comme si j'étais un extra-terrestre ? Je sais que je suis assez extravagante, que j'aime les vêtements excentriques, la mode des années 80, les couleurs flashs, les vêtements dépareillés et parfois déchirés, les rouge a lèvres beaucoup trop voyant, les cheveux toujours décoiffés et les grosses vieilles lunettes mais ce n'est pas cela qui fait de moi quelqu'un de différent. Andy warhol est mon idole. Je pourrais passer des heures et des heures à regarder ses oeuvres fabuleuses, tout comme je pourrais passer des jours entiers à admirer ses paroles. Autant de talent dans un seul homme cela est irréel. Je ne crois pas en Dieu mais je crois en Andy Warhol. Et j'aurais aimé vivre un amour passionné en sa compagnie, être sa maitresse. Ça aurait été le pied, orgasmique. Je pense que ce n'est pas pour rien que je porte son nom. J'aime la simplicité, j'aime rire sans jamais m'arrêter jusqu'à en avoir mal au ventre. J'aime les choses fabuleuses tout comme les événements que j'ai déjà vécu un million de fois et me les repasser en boucle, comme un disque rayé, interminablement. La vie est tellement belle, la vie est tellement triste, la vie est tellement simple, la vie est tellement compliquée. J'ai jamais autant aimé une chose que la vie même si elle m'a fait du mal. Je lui ai pardonné. Parce qu'elle m'a donné du bon comme du mauvais. Et je continuerai de le faire, jusqu'à ce qu'elle me donne le bonheur éternel. Bonheur que j'attends avec impatience. Quelle naïveté que de croire au bonheur éternel, c'est ça que vous vous dites ? Peut-être que oui, peut-être que non. Moi je ne crois pas. Je préfère croire en quelque chose plutôt que de ne croire en rien. Parce que si je ne croyais en rien, je ne serais rien. Et j'en oublierais même qui je suis même si je n'en suis pas encore sûre. On a beau avoir joué de nombreuses fois avec moi, rien n'y fait je suis toujours aussi naïve, comme une pauvre petite enfant qui croit toujours au père noël. J'ai tendance à croire que les gens n'ont que des bonnes intentions. Je suis fraiche et naturelle, je suis moi-même, je ne cherche pas à être quelqu'un d'autre. Je suis très romantique, j'ai tendance à croire au grand amour beaucoup trop vite, à tomber amoureuse pour un rien, à croire que j'ai trouvé l'âme soeur au début d'une relation, je suis une idiote et j'ai beaucoup trop vite confiance. Je voudrais changer, être plus froide, plus distante, plus femme fatale, moins enfantine, être une femme que l'on remarque immédiatement pour son tempérament de feu, mais on a pas tout ce que l'on veut dans la vie. Les gens s'amusent de ma naïveté et aiment jouer avec moi. Cela me brise, mais j'oublie vite, parce que je suis habituée, parce que je veux oublier, parce que j'aime être heureuse. Je ne sais pourquoi je ne me méfie pas, je devrais pourtant avoir retenu la leçon maintenant, mais c'est dans ma nature d'être douce et trop gentille. Je suis un pantin, une manipulée, une poupée que l'on garde un peu pour la jeter ensuite. J'ai encore certains traits de caractère d'une jeune enfant avec mon rire cristallin et mon air rêveur, mais peu de personnes s'en plaignent. J'aime bien boire un peu d'alcool malgré que je ne le tienne pas du tout pour oublier, et m'amuser, m'amuser encore et encore. Car sans cela ma vie serait bien vide. Je n'aime pas me compliquer la vie mais parfois cela arrive, sans que je m'en rende compte. C'est dans nos gênes, nous les femmes, d'avoir tendance à tout compliquer. J'aime l'ambiance des vieilles bibliothèques, laisser glisser mes doigts sur les nombreux livres, regarder les gens à la recherche d'une trouvaille, m'imprégner des odeurs étranges mais agréables. J'aime lire tout simplement. J'aime la poésie. Et je déteste ne pas savoir la fin, je n'aime pas les histoires drôles, je préfère les romans dramatiques et romantiques. J'aime pleurer toutes les larmes de mon corps sur un livre. Mais je déteste pleurer en public.

II • C'EST GRAVE DOCTEUR?

Allez danse, danse, viens dans mes bras, allez tourne, tourne, reste avec moi, allez partons vite si tu veux bien, dès le jour ... Le soleil brille très haut tu sais, mais j'aime ça, je t'attendais. Alors partons vite si tu veux bien, sans retour… Une douce musique berçait mon sommeil tandis que je me réveillais lentement dans un autre monde : le monde de mes rêves. Le monde que personne n'avait encore réussi à percer. Le monde que jamais je ne partagerai. Un monde mystérieux et différent à chaque fois, un monde étonnant et fascinant, un monde à faire peur parfois. J'ai ouvert les yeux sur un ciel bleu. Le vent effleurait ma peau, faisant danser mes cheveux bruns gracieusement. Je ne savais pas où j'étais, je m'étais réveillée sur un endroit totalement inconnu. Mais tellement époustouflant. J'étais dans un champ, des milliers de fleurs le peuplant. Je me sentais bien, trop bien ? Je me sentais chez moi. Je tournais en rond, les bras ouvert, souriant comme à mon habitude. Tout cela semblait si irréel. Je me suis laissée tomber dans l'herbe, caressant les douces fleurs de mes doigts, fixant le ciel d'un bleu incroyable pendant de nombreuses minutes. Je pense que j'aurais encore pu continuer pendant des heures si je n'avais pas aperçu cette silhouette. Elle courait, me souriait. Je ne connaissais pas cette jeune femme et elle me semblait pourtant si familière. Son sourire me disait de la suivre alors c'est ce que j'ai fait. Elle semblait voler tellement elle était pleine de grâce. Je l'ai suivie en courant et puis elle disparut. Comment avais-je pu la perdre ? Je me suis mise à chercher aux alentours jusqu'à ce que j'entende une voix m'appeler, sa voix. « suis moi Wolvérine, suis ton destin, il y a tellement de choses que tu ignores, suis moi et tu auras les réponses à tes questions. » J'étais comme envoutée par cette voix, alors je l'ai suivie, tendant l'oreille à chaque instant. Et je suis arrivée là où elle m'attendait. Elle se baignait, sous une cascade, elle m'appelait de ses mains. « saute Wolvérine, plonge me rejoindre. » J'ai regardé en bas, ce n'était pas tellement haut. De plus je n'avais pas peur, ce n'était que de l'eau. Alors je n'ai pas hésité : j'ai sauté, un merveilleux sourire aux lèvres, insouciante. « NOOOON ! » Je ne savais pas d'où venais ce cri, il semblait me parvenir d'un autre monde, beaucoup plus loin. Mais je n'y ai accordé que peu d'attention, préférant jouir de l'instant présent. Cette sensation de vide était incroyablement merveilleuse. Jamais je n'avais encore ressenti cela auparavant. Et mon corps a enfin rencontré l'eau. Mais au lieu de ressentir un contact doux et frais, j'ai sombré dans les ténèbres. Le noir profond. Je tanguais, j'hésitais. C'était étrange. Et puis je ne me souviens plus. Le trou noir. Je me souviens juste avoir ouvert les yeux sur une chambre d'un blanc éclatant, tellement que j'en avais mal aux yeux. Une chambre d'hôpital il n'y avait aucun doute à avoir là dessus. Des voix criaient et semblaient ne pas avoir remarqué mon réveil. « je savais qu'elle était folle, je l'ai toujours dit, mais tu ne m'as jamais écoutée. » Folle, oui pourquoi pas. « ne dis pas cela elle n'est pas folle, elle est juste perturbée, ce n'est qu'une enfant Jean, elle a besoin de temps. » « sauter par la fenêtre ! non mais tu te rends compte ? et demain elle se coupera les veines ? je refuse de m'occuper d'une folle. tu ne remarques pas que ces paroles n'ont aucun sens, qu'elle semble toujours dans un autre monde ? il faut l'interner ! » « je ne veux plus jamais t'entendre dire cela ! au pire je lui trouverai un psy mais plus jamais tu ne parleras d'elle ainsi, c'est compris ? » Un psychologue ? Je ne comprenais pas, je n'en avais pas besoin. « maman, papa, il s'est passé quoi ? » « rien ma chérie, rendors toi. » Elle déposa un doux baiser sur mon front tandis que mon père me regardait en fronçant les sourcils. J'ai préféré ne pas pensé à ce qu'il se disait, à ce qu'il comptait faire. J'ai préféré tomber dans les bras de Morphée pour m'évader encore une fois.



« mademoiselle, cela fait près de vingt minutes que vous ne m'écoutez pas et que vous ne répondez à aucune de mes questions. » Mon dieu ce que je peux haïr les psychologues. Surtout celle-là, avec son air supérieur, sa manière de me regarder par dessus ses lunettes, ses lèvres beaucoup trop rouges contrastant avec sa peau diaphane, ses ongles parfaitement soignés, sa bouche pincée et son décolleté bien trop plongeant pour une psy. Avec le recul je me rends compte qu'elle était vachement sexy, le genre de femme que j'aurais aimé devenir. Le genre de femme que je ne suis pas. Je préfère faire semblant de ne pas l'écouter, je préfère ma balancer sur ma chaise, enroulant mes cheveux autour de mon doigt, et rire, tout cela pendant qu'elle écrit dans son calepin. Elle soupire, je l'énerve mais je m'en moque, je m'amuse. Je fais en sorte de ne pas penser que je suis en pleine thérapie. Je me demande ce que je fous là, je ne comprends pas mes parents. Je n'ai rien d'anormal, je suis jeune, je suis normale, je n'ai jamais rien fait de mal. Mais ils ne semblent pas penser la même chose que moi. « Wolvérine ? » Je sens de plus en plus son impatience, je n'ai pas envie de l'énerver. Aussi je me tourne vers elle, mon plus beau sourire aux lèvres. « oui ? » « avez-vous retenu un seul mot de ce que je vous ai dit ? » Oui bien sûr que j'ai retenu, tout. J'ai encore en tête les nombreuses questions auxquelles elle n'a obtenu aucune réponse. Ce n'est pas comme si je ne l'écoutais pas, parce que si : je l'écoute. Mais je ne réponds pas, je m'ennuie, elle m'ennuie. Sa voix me donne des frissons, elle me fait un peu peur je crois, elle est trop intimidante. « vous m'avez posé des questions, vous avez parlé des problèmes d'adolescents, j'y comprends rien, j'aimerais juste qu'on me laisse tranquille. » « et pourquoi ? » « parce que je comprends pas ce que je fais ici. » Un long soupir s'échappa de ses lèvres charnues tandis que je continue d'ancrer mes prunelles myosotis dans les siennes. Mon cas est-il si désespérant ? Elle baisse les yeux quelques instants, observant ses notes avant de les compléter. J'aimerais être capable de séparer mon âme de mon corps, pour que celle-ci puisse s'envoler et se poster derrière elle, pour que je puisse voir tout ce qu'elle écrit. J'aimerais tellement savoir ce qu'elle pense de moi. Il faut que je sorte d'ici, je m'ennuie, mon violon me manque. A part cette chaise à roulettes il n'y a rien d'amusant, de divertissant. Si au moins ses questions pouvaient être intéressantes, mais même pas. « dites moi, que voyez-vous ? » « pourquoi vous me vouvoyez ? » « c'est moi qui pose les questions il me semble. » J'ai souris, en effet. Ce n'était pas dans mes habitudes d'être impertinente. J'ai regardé ses dessin. Intéressant. Il me plaisait. Faisait entrer en moi des dizaines d'idées. Il pouvait être tout à la fois. J'y voyais une jeune femme enceinte qui riait, une petit village à la campagne, les beatles en plein concert, un couple qui dansait, andy warhol qui peignait, et puis une libellule sur un nid de bonbons. Mais si je lui disais toute mes propositions elle allait me prendre pour plus folle que ce qu'elle croyait. Aussi je devais n'en choisir qu'une. « je vois une libellule sur un nid de bonbons. » Elle fronça les sourcils, observant le dessin à son tour, cherchant où je pouvais voir cela. « on ne me l'avait encore jamais sortie celle-là. » Je m'en doutais mais j'ai rien dit. J'ai attendu qu'elle parle, ce qu'elle n'a pas fait avant quelques minutes. Ce silence me faisait du bien, j'avais toujours apprécié le calme mais je savais qu'il allait être gâché par cette voix désagréable. « je reviens dans quelques minutes ... » Était-elle bête au point d'en oublier ses notes ? Apparemment oui. C'était l'occasion rêvée, je n'ai pas pu résister, grande curieuse que j'étais. Je me suis approchée de son carnet, lentement, comme si j'avais peur de ce que j'allais découvrir. Et je me suis mise à lire. Wolvérine est une jeune fille particulière, instable, toujours dans ses pensées. Elle ne semble pas se rendre compte de ce qu'elle a fait. Elle fait des rêves étranges qui ont des répercussions sur la vie réelle, comme s'il y avait un lien entre eux et la réalité. C'est une rêveuse qui a une étrange vision du monde, de ce qui se trouve autour d'elle. Elle est autre part, sort sans cesse des phrases qui n'ont ni queue ni tête. Et joue... « je pense que je devrais même ajouter : est une grande curieuse. » J'ai souris, pas tellement gênée, j'aurais juste voulu en lire plus. J'aurais voulu tout savoir, malheureusement je n'ai pas eu le temps. Je me suis maudis intérieurement, mais que pouvais-je changer ? « c'est fini pour aujourd'hui Wolvérine, tu peux retourner chez toi. » Incroyable ! Elle m'avait tutoyé pour la première fois. Je lui ai fait mon plus beau sourire pour la peine, avant de quitter la pièce dans un moment de bonheur extrême.

une grenouille, deux grenouilles, trois grenouilles, quatre grenouilles, cinq grenouilles, six grenouilles, sept grenouilles, huit grenouilles, ... ouais des grenouilles. je préfère ça aux moutons. je n'aime pas les moutons. les grenouilles c'est plus harmonieux, je les regarde passer, ancrant mes prunelles dans leurs yeux flamboyants. et d'habitude je m'endors plus vite. j'ai déjà essayé les moutons, ça marche pas avec moi on dirait. tout comme avec tout autre animal. la licorne m'apaise aussi, mais elle est tellement belle que je ne peux m'arrêter de l'admirer. étrange que ce soit la grenouille qui m'apaise n'est-ce pas ? dix-sept grenouilles, dix-huit grenouilles, dix-neuf grenouilles, vingt grenouilles, ... bordel de merde pourquoi aujourd'hui ça va pas ?! vingt-quatre grenouilles, vingt-cinq grenouilles, vingt-six grenouilles, vingt-sept grenouilles, ... la belle au bois dormant s'est endormie.



« Take my time today, it's not an easy game. Many sights to be seen if you say so, it's not easy baby. Crossing lines, don't let me feel this way ... » Les pieds nus appuyés sur mon volant, j'attendais, j'attendais un client. Remuant mes orteils au rythme de la musique en attendant. J'avais le temps, tout le temps. Qu'un client vienne ou non je m'amusais. Et je chantais, me déjantant. Les cheveux en bataille, les pieds nus, je me doutais que j'allais faire fuir n'importe qui, qu'aucun client n'allait venir à moi. Mais je n'en avais que faire, c'était le pied. J'ignorais les yeux exorbités des passants, mieux, j'en riais. « Wish I was young enough, wish you were made just for me, wish I was young enough, wish you were made just... Hey you, no you don't have to go ... » La porte s'est ouverte brusquement, apparemment je ne faisais pas encore assez peur. Je n'ai pas baissé la musique, je n'en avais pas envie. « bonjour. » J'ai tourné la tête pour faire face à mon interlocuteur, pour finalement ne plus pouvoir m'en détacher. Comme captivée par l'homme qui venait d'entrer. C'était l'homme qui hantait mes nuits, mes rêves. Je l'avais croisé une fois dans un parc, je n'avais jamais oublié son visage. Il était beau. Il était étrange et dégageait quelque chose que je ne savais discerner. Comme s'il cachait un lourd secret. J'avais été marquée, et depuis je ne pouvais m'empêcher de penser à lui, sans trop savoir pourquoi. Ce jour-là il paraissait différent de l'autre fois, et cela ne le rendait que plus intriguant. J'étais complètement déstabilisée. Ses yeux bleus intenses s'ancraient dans mes prunelles et j'osais à peine respirer. J'étais envoutée, paralysée. Il a fixé mes pieds un instant, fronçant les sourcils avant de sourire. Je les ai retiré rapidement du tableau de bord, rougissant légèrement avant de remettre mes chaussures. J'ai remarqué que le silence s'installait, et qu'il ne m'avait toujours pas dit où il se rendait. « je vous amène où ? » « et bien à vrai dire je n'en sais trop rien, j'avais juste envie de voyager, j'ai envie de regarder le temps passer par la fenêtre, de voir le monde s'écouler, j'ai envie de voir la ville d'un taxi. et de parler, j'ai besoin de parler. donc vous m'amenez où vous voulez, faites le tour de la ville, faites moi voir les endroits que vous préférez. je vous dirai quand j'en aurai vu assez. » J'ai froncé les sourcils. Jamais je n'avais entendu une personne parler autant en aussi peu de temps. Lui qui paraissait si paisible lorsque je l'avais vu dans le parc semblait être étrangement excité, et j'avais l'impression qu'il ne me serait pas facile de l'arrêter de parler. Je ne comprenais pas, j'étais surprise, je m'attendais à tout sauf à ça. Mais ce jour-là je ne connaissais pas encore sa maladie. Sinon j'aurais compris. Je devais quand même l'avouer son comportement me plaisait. Un client qui venait dans l'unique plaisir de voyager c'était étrange, et c'était le premier qui le faisait. Cela me plut immédiatement, c'était le genre de choses dont j'étais capable : prendre un taxi pour voyager et regarder le temps s'écouler. Il s'appelait Willem, continuait de parler sans jamais s'arrêter, tandis que moi j'essayais de suivre, écoutant et buvant chacune de ses paroles. Il me faisait rire, il était intéressant. Willem semblait sans aucune gêne et se mit à fouiller dans mes affaires, comme s'il avait besoin de bouger, de faire quelque chose pour s'occuper, comme un enfant qui avait besoin de jouer. Je ne lui ai pas dit d'arrêter, parce qu'il m'occupait. Il changea la musique pour mettre un morceau des beatles, obladi oblada et se mit à chanter, pour ne pas dire crier. Et nous avons chanté ensemble, en riant. Et je l'ai écouté parler, pendant des heures, de tout et de rien. Je n'avais même pas eu l'envie de l'arrêter une seule fois, c'était comme s'il se libérait de tout ce qu'il n'avait pas l'occasion de dire, de tout ce qu'il n'avait pas su dire auparavant. Et tout en continuant de parler, il a déposé sa main sur ma cuisse remontant lentement tandis que je n'osais plus respirer. Je comprenais de moins en moins son comportement. Et pourtant je me sentais en confiance en sa compagnie. Alors que je le connaissais à peine. Willem retira sa main précipitamment, avant de recommencer à parler nerveusement. « merci Wolvérine vous pouvez vous arrêtez ici. en tout cas merci pour tout, merci pour m'avoir écouté, pour avoir chanté, pour tout. & voici votre argent. je reviendrai. » « de rien. » Il est parti aussi vite qu'il était arrivé, je l'avais déposé à côté de l'hôpital et je l'ai regardé y rentrer, les sourcils froncés. Il m'avait laissée seule dans un silence trop pesant après cette présence intrigante. Il était un mystère, j'aimais les mystères et j'avais bien l'intention de découvrir qui il était vraiment.



Je suis au courant, je comprends tout à présent, il m'a dit, après que j'aie insisté de nombreuses fois pour qu'il me parle. Il n'aime pas en parler, il n'accepte pas sa maladie. Mais moi je l'accepte pour lui et je suis assez forte pour la porter pour nous deux. Je l'aime le matin, je l'aime le midi, je l'aime le soir et la nuit. Je l'aime. Je suis à lui, entièrement. J'aime ses trois côtés, ses trois lui malgré que certains me fassent du mal. J'aime ses périodes maniaques pendant lesquelles il ne s'arrête pas de parler, pendant lesquelles il a toujours besoin de bouger, de faire quelques choses, pendant lesquelles il me fait rire, pendant lesquelles jamais il ne dort. Il n'est plus lui-même, perd tout contrôle de sa personne, a des envies sexuelles excessives, c'est la période pendant laquelle il m'aime le plus. Celle où je sens son amour débordant pour moi. Rien que ses caresses, ses gestes, ses paroles me le prouvent. Mais son regard encore plus. Je pourrais m'y perdre pendant des heures en silence. Malheureusement durant cette période le silence n'est pas un mot que je connais. Et puis il y a la stabilité, la période où je retrouve enfin le vrai Willem, la période où il essaye de s'éloigner de moi, de me repousser, parce qu'il ne veut pas de mon amour, parce qu'il n'a jamais été habitué à être aimé. Ça lui fait peur je crois. Son côté froid, mystérieux et distant me donne des frissons. Il ne comprend pas ce que je lui trouve, moi ce que j'aime ce sont ces nombreuses différences. Je le regarde dormir, paisiblement, comme un enfant. Me couchant à ses côtés pour pouvoir sentir son souffle chaud sur mon visage. Rien que cette vision me fait sourire. Je laisse mes doigts glisser lentement sur son torse tandis que je sens son coeur battre à un rythme régulier. Je sais qu'il ne va pas tarder à s'éveiller et je sais déjà ce qu'il va se passer. La dépression. Je me lève, m'éloignant de mon aimé pour préparer son petit déjeuner que je sais qu'il va refuser. Mais je ne désespère pas, je vais jusqu'au bout, espérant qu'un jour il m'écoutera. Je reviens, plateau entre les bras, il est toujours là, étendu, les yeux ouverts fixant le plafond. Ses yeux sont vides et tristes et cela me donne envie de pleurer. J'espère que cette journée sera moins pénible que les autres, j'espère qu'il ne prononcera pas ce mot que je déteste tant : suicide. Je m'assieds à ses côtés, le sourire aux lèvres alors qu'il ne daigne pas m'adresser un regard. « tiens, mange. » Pas un geste, pas un bruit, j'ai l'impression qu'il va encore dire que c'est sans espoir, et me demander que je parte. D'un seul coup, le plateau valse à terre dans un bruit désagréable. « je n'ai pas faim ! maintenant laisse moi ! » Il me regarde enfin, d'un regard noir, glacial, à faire peur. Sa main saisit mon poignet avec force pour le repousser. Il ne veut pas de moi. Je ne sais pas pourquoi. Il préfère sa solitude. « je t'aime. » « je t'ai dit de partir ! je veux juste un peu de solitude, je n'ai pas besoin de temps, nous deux ça mène à rien. » « tu dis toujours la même chose et je te le répète chaque fois : je t'aime et moi j'ai besoin de toi. » Il se recouche. Me tourne le dos. C'est fini pour aujourd'hui, il ne m'adressera plus la parole, restera dans ses pensées suicidaires et dépressives.

IV • L'ORDONNANCE

PSEUDO/PRENOM: Fanny.
GROUPE: : citoyen.
AVATAR: je me suis fixée à Abbey Lee Kershaw
COMMENTAIRE(S): magnifique, sublime forum, j'en cherchais un comme ça depuis quelques temps on voit bien que chaque détail est travaillé, il n'y a pas de fautes d'orthographes, et c'est ce à quoi j'accorde beaucoup d'attention, le contexte est merveilleusement bien écrit ! bravo

Bienvenue !!
Humm personnellement je préfère Jessica, même si je ne les connais pas spécialement toutes =)

ABBEEEEEEEEY, sans hésitation
Bienvenue, le prénom me fait triper

Bienvenue!
Moi je kiffouille le prénom !
Et je dis Abbey pour ton avatar !

ABBEY OU JESSICA
bienvenue (:

ABBEY
bienvenue

FANNY, FANNY, COMME FANNY ?
comment passer pour une tarée en deux secondes.

Bienvenue. (:

J'adore ton nom de famille ça me fait penser à Andy ! Bienvenue !