✤ douce transe, cher pays de mes errances.

ROSE JEAN HEMINGWAY

I • QUOI DE NEUF DOCTEUR?

III • CONSULTATION

IV • L'ORDONNANCE

II • C'EST GRAVE DOCTEUR?

« PAPAAAAAAAAA! » La petite fille qui criait ce doux son, courait à travers un long couloir. Son crâne, malgré un âge avancé, était dépourvu de cheveux. Ses sourcils, inexistants. Elle avait dix ans. Elle courait, courait à perdre haleine en direction des bras tendus devant elle. Elle sortait, enfin. Cela faisait six mois qu'elle avait été hospitalisée. Ses amis lui manquaient. Sa maison lui manquait. Et puis ses médecins, ses médicaments lui avait fait mal.
L'homme au bras tendu avait les larmes aux yeux. On avait annoncé au début du traitement que la chance de survie de sa fille équivalait à 50%. Une chance sur deux. La vérité avait été dure à encaisser. Mais maintenant tout ça était fini. Elle était en vie, en pleine forme. Ils allaient rentré à la maison tranquillement avec Jean, Basile et lui. Ils vont mangés de la pizza, regardés Beetle-Juice de Tim Burton en toute inconscience et pouvoir reprendre une vie normale. Enfin pas vraiment puisque dix ans après quasiment, elle y retournait.


L'hôpital n'avait pas tellement changé. Il sentait toujours autant la mort et l'éther, avait toujours des chambres couleurs blanc-morgues, et des aides soignants si compatissant que ça vous donnait surtout une envie de vomir. Amère, Jean pensa qu'elle en avait vraiment raz l'bol de ce monde d'hypocrite. Parce qu'à part ses Papas quelqu'un se souciait-il vraiment de ce qu'elle ressentait. La mort était là, au creux du ventre, attendant d'assené le coup final. Elle n'était pas dupe. Surtout quand dix ans après un premier et lourd traitement votre leucémie lymphoblastique aiguë refait surface. Mais il n'y avait pas que ça. Elle le sentait. Les médecins aussi d'ailleurs. Pourquoi la leucémie, dite vaincue pourtant, avait-elle refait surface? Jean est ce qu'on appelle dans le jargon médical, un mystère. Un mystère que tous les internes s'arrachent. Elle déteste d'ailleurs ça. Elle est humaine et est tout sauf un cobaye. Mais ça, les médecins ont l'air de l'oublier assez facilement. Car la maladie la fait souffrir. Elle a mal partout. Une douleur aiguë et lancinante. Elle ne le souhaite à personne. D'où le fait qu'elle veuille mourir. Jean sait que tôt ou tard ça arrivera, et puisqu'elle n'a jamais été maître de son destin alors, elle veut au moins avoir le dernier mot. Le suicide, la plus belle chose à ses yeux en ce moment. Horrible n'est ce pas. Surtout pour ses parents. Deux pères qui lui ont tout donné et plus. Elle ne peut s'y résoudre, ne veux pas les rendre plus malheureux qu'ils ne le sont... Alors pour l'instant elle essaye de tenir le choc, mais espère la fin du calvaire.

17 mai 2010.
« Ma Chérie... » La voix de son père était un simple chuchotis tendre et familier. Elle ouvrit doucement les yeux, n’aperçut que des masses sombres et peu distinctes. Puis ses yeux se firent enfin à la lumière blanche et éclatante qui envahissait la pièce. D’abord elle vit le plafond. Toujours aussi blanc, sans une imperfection. Puis elle tourna un peu la tête, aperçu son père tout près d’elle puis son deuxième père, toujours l’air aussi anxieux assit dans le fauteuil. De l’autre côté se trouve un pile gigantesque de livres. Elle les as tous lu et a fini le dernier -soit le premier en haut de la pile- dans la nuit: Phèdre. Une pièce française très étudiée. Pas mal. Ca parle de suicide. Quoi qu’il en soit son père lui parlait, mais elle n’écoutait pas. Il allait encore la prévenir que les internes allaient arrivés et qu’il faudra être aimable, si possible. Bien sur elle hocha la tête alors que ses papas quittaient la pièce. un aide soignant arriva, contrôla la perfusion et en repartant bouscula le tas de livres. La demoiselle grogna. Elle se souleva difficilement mais les ramassa. Entre deux livres éparses elle trouva un mot avec les vers suivant:

Citation :

Et le jour a trois fois chassé la nuit obscure,
Depuis que votre corps languit sans nourriture
A quel affreux dessein vous laissez-vous tenter?
De quel droit sur vous même osez-vous attenter?
Vous offensez les dieux auteurs de votre vie
Vous trahissez enfin l’époux à qui la foi vous lie (...)

Pourquoi se passage? Quelqu’un avait-il deviné son souhait? Il faut dire que le fait de se laisser crever de faim et de refuser tout traitement devaient mettre les choses au clair. Mais qui l’avait écrit? Et depuis quand ce mot attendait? Jean ne retrouva pas l’espoir mais une certaine curiosité. Après tout un monde réelle l’attendait peut être derrière ces portes...

Léa, ce qu'elle est toute choutte
Bienvenue.